Prévenir la propagation de la COVID-19 au Cameroun à travers les bonnes pratiques d’inspection sanitaire vétérinaire et de biosécurité dans les abattoirs et boucheries
Le coronavirus menace les activités de production, de commercialisation du bétail ou de transformation de produits animaux.
Depuis décembre 2019, l’apparition et l’évolution rapide de la COVID-19 a provoqué la panique et montré les limites des pays en termes de préparation et de réponse aux urgences sanitaires. Au Cameroun, les mesures prises pour freiner la propagation du virus ont fortement perturbé les activités des différents maillons des chaînes de valeur industrielle et animale de l'élevage (fourniture d'intrants et de services, production, transformation, transport et commercialisation). Les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord déjà gravement touchées par l'insécurité, sont les plus vulnérables car à elles seules, elles représentent 68% du cheptel de bovins et petits ruminants du pays[1], élevés dans un système agro-pastoral.
Le coronavirus menace les activités de production, de commercialisation du bétail ou de transformation de produits animaux et augmente la vulnérabilité des populations à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. En effet, du fait du risque important de transmission que présentent les marchés à bétail, une attention particulière doit être portée notamment sur les aspects de respect des mesures d'hygiène et de biosécurité. Il apparaît donc nécessaire qu'en plus des mesures déjà prises, un intérêt soit porté aux communautés pastorales non seulement pour l'amélioration du système de prévention des maladies, mais aussi pour atténuer les effets induits de la pandémie sur les moyens d’existence déjà limités.
Apporter une réponse à cette situation nécessite une implication du secteur de la santé animale dans les activités d'investigation, de détection, de contrôle et de sensibilisation des populations sur les mesures de prévention contre la pandémie, en appui au secteur de la santé publique humaine. C’est dans ce contexte que la FAO a ces dernières semaines, appuyé le gouvernement du Cameroun dans le renforcement des capacités des acteurs de la chaine de valeur des productions animales sur les bonnes pratiques d’hygiène dans les abattoirs et les boucheries, en vue de prévenir la propagation de la Covid-19. A travers une série de trois ateliers organisés par le Centre d’urgence pour la lutte contre les maladies animales transfrontières (ECTAD) de la FAO, 135 participants dont 41 bouchers et 94 personnels techniques de terrain du MINEPIA[2] des 10 régions ont bénéficié d’une formation sur 1) les bonnes pratiques d’hygiène alimentaire et 2) l’encadrement juridique de l’inspection sanitaire vétérinaire au Cameroun. Un accent particulier a été mis lors de ces formations sur la connaissance de la COVID-19, les normes de salubrité dans les abattoirs et boucheries ainsi que leur environnement, le conditionnement et de transport des viandes des animaux de boucherie dans et vers les établissements d'exploitation. Entamée en janvier 2021 à Garoua pour les acteurs de la chaine de valeur du bétail des régions de l’Adamaoua, Nord et Extrême-Nord, la série d’ateliers s’est achevée le 27 février 2021 à Bafoussam pour les acteurs des autres régions.
Selon le Dr Conrad Ntoh Nkuo, Sous-directeur de l’inspection sanitaire et de la santé publique vétérinaire, représentant du Directeur des services vétérinaires du MINEPIA, « l’amélioration de la qualité des aliments d’origine animale livrée aux consommateurs est une préoccupation majeure du gouvernement camerounais, particulièrement dans un contexte marqué par la deuxième vague de la pandémie de COVID-19 qui continue de faire des ravages ». Ces ateliers contribuent à améliorer la sécurité sanitaire des aliments et prévenir la propagation de la COVID-19 et les autres zoonoses. Les bouchers et personnels de terrain du MINEPIA impliqués dans l’inspection sanitaire vétérinaire sont donc interpellés, car ils sont responsables du contrôle de la qualité des produits d’origine animale commercialisés, donc, de la protection des consommateurs.
Au terme de l’atelier, Yaya Ahmadou, Assistant boucher à Yaoundé, témoigne : « J’ai appris que la COVID-19 ne concerne pas uniquement la santé humaine et peut attaquer notre secteur. Maintenant que je sais comment contribuer à améliorer la situation, les choses vont changer. De retour dans ma ville, j’organiserai une réunion avec tous les collaborateurs, pour faire une large diffusion des messages reçus ici, comme cela nous a été recommandé », déclare-t-il.
L’appui de la FAO ECTAD au gouvernement du Cameroun pour la réponse à la pandémie du Covid-19 s’inscrit dans le cadre d’un projet financé par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) afin de soutenir les services vétérinaires et protéger les parties prenantes du secteur animal dans le contexte de la pandémie du COVID-19.