Comment une solution simple, à coût abordable sauve des vies et réduit la dégradation des forêts dans le Nord et l'Extrême-Nord du Cameroun
L'histoire de Soumai
Chaque matin, Soumai, 13 ans qui habite le village Tete, dans l’arrondissement de Poli (Région du Nord-Cameroun), se rend derrière la maison familiale avant de prendre le chemin de l’école, pour apprécier le tas de bois qu'elle assemble de manière régulière. Elle en profite pour s’assurer que la quantité est suffisante pour subvenir aux besoins de sa famille pour les jours à venir.
Le bois constitue dans la zone d’habitation de Soumai, la seule source d'énergie. Les populations se doivent de s’en procurer pour leurs besoins domestiques exerçant une énorme pression sur une écosystème déjà très fragile.
La dégradation des écosystèmes à une fois de plus été décriée par le SG de l'ONU à l'occasion de la Journée de l'environnement du 5 juin 2022. Selon le SG "Il est essentiel que nous gérions la nature avec sagesse et que nous assurions un accès équitable à ses services, en particulier pour les personnes et les communautés les plus vulnérables",
"Plus de 3 milliards de personnes sont affectées par des écosystèmes dégradés. La pollution est responsable de quelques 9 millions de décès prématurés chaque année. Plus d'un million d'espèces végétales et animales risquent l'extinction, dont beaucoup en quelques décennies."
Le Bureau de l'UNESCO au Cameroun contribue à l’inversion de la tendance à la dégradation des écosystèmes en travaillant à la promotion de l'utilisation des énergies renouvelables et des technologies d'efficacité énergétique dans les ménages des communautés des régions du Nord et de l'Extrême-Nord du Cameroun.
Pour ces communautés qui dépendent entièrement du bois énergie pour les besoins d'éclairage et de cuisson des aliments, sa recherche est une activité quotidienne. Cette tâche difficile de collecte du bois est réservée aux filles et femmes qui parcourent parfois plusieurs km à la recherche de cette précieuse ressource, dans un environnement sécuritaire dégradé.
Depuis quelques temps, la jeune Soumai arbore un sourire inhabituel, elle s'inquiète moins de la quantité de bois qu’elle a collecté et prend sereinement le chemin de l'école .
Ce nouvel état d’esprit de Soumai tient au fait que le projet de promotion des énergies renouvelables et des technologies d’efficacité énergétique dans les régions du Nord et de l’Extrême - Nord (PUERTEM), mis en œuvre par l’UNESCO a contribué à la vulgarisation d’une technique qui consomme moins de bois lors de la cuisson des aliments.
"Ma mère a fabriqué un nouveau foyer de cuisine qui ne consomme que de petites quantités de bois", a déclaré Soumai, faisant référence au foyer que sa mère a récemment installé dans sa cuisine.
"Je peux désormais rentrer tranquillement de l’école, jouer à la maison et faire mes devoirs après l'école avant que la nuit ne tombe sans avoir le stress de m’acquitter à mon devoir de collecte du bois", nous dit fièrement Soumai.
Elle ne se rend plus en forêt tous les jours après l'école pour ramasser du bois. Le tas de bois qu'elle a ramené à la maison il y a trois jours peut encore alimenter la famille pour au moins 2 jours encore.
Bien que la famille de Soumai fasse partie des derniers ménages à avoir adopté les foyers dits « PUERTEM » qui se caractérisent par une faible consommation d'énergie, elle jouit déjà des bienfaits de cette technologie nouvellement introduite. Les familles voisines on pris une longueur d’avance et utilisent ces foyers depuis plusieurs mois, après leur participation aux sessions de formation locales organisées dans le cadre du projet PUERTEM.
C’est la voisine de Soumai, Maggi, 37 ans, mère de quatre enfants qui a formé sa mère à la construction de ce foyer. Maggi a été une grande source d'inspiration pour les autres femmes de sa communauté car elle a su transmettre les techniques apprises à base de matériaux locaux (boue, terre à argile et bouse de vache) pour fabriquer ces foyers respectueux de l’environnement.
Cette technologie est très appréciée par les femmes et les hommes des communautés bénéficiaires du projet à l’instar de celles de Tete. C’est la raison pour laquelle elles se sont rapidement approprié la technique et la vulgarisent dans les ménages non bénéficiaires.
Un groupe de femmes a expliqué à quel point elles étaient satisfaites par cette nouvelle technologie.
"J'aime mon nouveau foyer car avec seulement 2 morceaux de bois, je peux préparer de la nourriture, faire de la bouillie pour ma famille et chauffer de l'eau".
"Depuis que j'utilise des foyers promus dans le cadre du projet PUERTEM, mes casseroles ne se salissent pas beaucoup et je peux faire la vaisselle facilement."
"J'aime embellir mon foyer en y mettant des motifs de notre artisanat
"J'aime utiliser ces foyers car il y a moins de brûlures et de blessures et les aliments cuisent plus vite,"
"Depuis que j'utilise les foyers améliorés, je ne vais plus fréquemment en forêt pour chercher du bois".
Selon le Dr Nsom Zamo Annie-Claude, coordinatrice du projet PUERTEM à l'UNESCO, "ce projet n'a pas seulement réduit la dépendance au bois. Il a également contribué à réduire le risque de violence et d'abus auquel ces filles et femmes étaient confrontés lors de la collecte du bois."
Mis en œuvre par l'UNESCO grâce à un financement de l’India-UN Partenership Developement Fund, ce projet a considérablement augmenté l'adoption et l'utilisation de technologies d'efficacité énergétique dans les ménages bénéficaires. En plus de ces foyers, ces ménages ont été formés à la production du charbon écologique à partir de déchets (bouse de vache, coquilles d'arachide, balles de riz). Plus de 1 000 ménages, soit environ 12 000 personnes, bénéficient de ce projet, dont une majorité de femmes et de jeunes.