Elle-même originaire du Nord-Ouest du Cameroun, Sister Carol offre un soutien psychosocial à la quinzaine de jeunes filles qui vivent avec Emi dans un foyer situé dans un quartier populaire de Douala. Cette initiative du diocèse vise à offrir à ces jeunes naufragées de la crise un endroit où se reconstruire en sécurité.
Toutes celles qui vivent ici ont des parcours de vie dramatiques : victimes de violences, de traite, ou encore contraintes à la prostitution pour subvenir à leurs besoins. La plus jeune à 14 ans, et c’est la lourde tâche de sœur Carol de leur redonner confiance en elles et en l’avenir. A entendre les pensionnaires parler de la petite religieuse, on sent à quel point celle-ci est devenue leur bouée de sauvetage, un repère d’affection et d’écoute dans un monde de violence.
« Elles sont presque toutes traumatisées par les expériences vécues. Certaines ont dû faire beaucoup de choses inavouables pour survivre, d’autres ont passé beaucoup de temps à se cacher en brousse pour fuir la violence. Mais ici, elles sont toutes animées par le désir de commencer une nouvelle vie » explique sœur Carol.
« Nous les encourageons à partager leurs talents, nous leur apprenons à vivre ensemble, ce qui n’est pas toujours facile, et nous essayons de leur donner les outils pour qu’elles puissent prendre soin d’elles-mêmes dans l’avenir »
A Buea, capitale de la région Sud-Ouest, ce sont souvent des anonymes que rien ne prédestinait à œuvrer dans le social qui se sont également engagés en faveur des femmes déplacées internes, particulièrement vulnérables.
Dans un petit atelier de couture, Doreen et son association « Teen Alive », avec laquelle le HCR collabore, fait partie de ceux-là : depuis le début de la crise une centaine de jeunes femmes, pour la plupart ayant vécu des maternités précoces, ont été aidées par son équipe : « Quand on donne naissance à un enfant sans être mariée, il arrive souvent que des jeunes filles soient rejetées par leurs familles et leurs communautés. Nous avons voulu venir en aide à ces personnes qui se retrouvent souvent à la rue, et sont parfois contraintes à la prostitution pour survivre ».
Pour faire face à ce phénomène, Teen Alive s’engage au quotidien pour mener des actions de sensibilisation, à leur faire retrouver le chemin de l’école, à intégrer des centres de formation professionnelle ou encore à participer à des activités génératrices de revenus.
Happiness, l’une des bénéficiaires de l’association, a dû fuir après l’incendie de son village. Comme beaucoup de victimes des violences qui secouent cette région du Cameroun, c’est en brousse qu’elle a donné naissance à son enfant désormais âgé d’un an et demi, qui vit avec un handicap: « Quand j’ai rencontrée la tante -comme elle appelle Doreen-, elle m’a amenée ici, elle a amené mon enfant à l’hôpital, à pris en charge ses soins et m’a appris à fabriquer les sandales que nous vendons dans ce magasin », explique t’elle assise derrière son poste de couture.
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, le HCR apporte une assistance directe ou s’appuie sur des organisations telles que Teen Alive pour offrir aux victimes de violences un soutien psychosocial, un appui matériel, un accompagnement légal, mais également l’inclusion dans des programmes de soutien économique, essentiels pour permettre à des femmes vulnérables de se ré-insérer dans la société.
Tout comme Teen Alive, des dizaines d’organisations œuvrent à la prévention des violences contre les populations civiles et viennent en aide aux survivantes de violence basée sur le genre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sous la coordination du UNHCR, UNFPA et UNICEF. Les défis sont importants à commencer par les restrictions à l’accès humanitaire imposé par les groupes séparatistes et le manque criant de financement : En 2021, le financement des activités de prévention et de réponse aux violences basées sur le genre ne dépasse pas les 70%.