Le gouvernement camerounais, l’Union européenne et la FAO lancent le Programme de gestion durable de la faune sauvage au bénéfice des populations de la République du Cameroun
Ce programme présente le double objectif de conserver la faune sauvage, les écosystèmes
À travers la signature du nouveau Programme de gestion durable de la faune sauvage, l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’engagent à appuyer le gouvernement camerounais afin de mieux organiser le secteur de la viande de brousse en l’intégrant à une approche de développement local durable.
Dans le cadre des initiatives visant à promouvoir la lutte contre la faim, la malnutrition et la pauvreté au Cameroun, le Représentant du Bureau pays de la FAO et le Ministre camerounais des forêts et de la faune ont, aujourd’hui, signé dans les locaux dudit ministère, en présence de Monsieur Philippe Mayaux, Ministre-Conseiller à la Délégation de l’Union européenne (UE) du Cameroun et de Monsieur Abdon Awono, représentant du Centre international de recherche forestière (CIFOR-ICRAF), un accord de coopération portant sur la mise en œuvre du Programme de gestion durable de la faune sauvage («Sustainable Wildlife Management (SWM) Programme») en République du Cameroun.
Ce programme présente le double objectif de conserver la faune sauvage, les écosystèmes et les services qu’ils rendent, tout en améliorant les conditions de vie et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations qui dépendent de ces ressources pour leur bien-être. Pour cela, il vise spécifiquement à expérimenter une utilisation légale et durable des espèces animales résilientes à la chasse par les populations rurales ; diversifier les sources d’aliments et de revenus et; améliorer l’accès à des services de santé publique de base permettant de répondre aux risques associés à la consommation et au commerce de la viande sauvage.
Le SWM Programme contribuera ainsi à la réalisation de plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) liés à la sécurité alimentaire, à la gestion durable des terres et à la protection de la biodiversité, notamment à l'ODD 15.
D’un montant d’environ 1 765 000 USD et d’une durée de trois ans, le SWM Programme en République du Cameroun sera mis en œuvre sous la coordination technique du CIFOR-ICRAF, et la supervision de la FAO en tant que maitre d’ouvrage.
Sécuriser l’accèsà la faune sauvage pour les populations les plus vulnérables
Au sud du pays, la sécurité alimentaire, les moyens d’existence et l’identité culturelle des communautés locales bantoues et des peuples autochtones (principalement Baka) vivant en forêt dépendent encore fortement des produits issus de la chasse. Ces communautés sont confrontées à des défis importants liés à l’enclavement, aux opportunités économiques limitées et à des conflits d'utilisation des terres avec les industries extractives et les acteurs de la conservation, qui empiètent sur leurs modes de vie. En parallèle, l’exploitation de la viande sauvage par des réseaux informels d’acteurs pour alimenter les marchés urbains via des filières peu contrôlées, constitue un risque à la fois pour la préservation de la biodiversité et la santé publique.
Dans ce contexte, le programme va opérer sur le site pilote situé sur l’axe Djoum-Mintom, au sud-est de la réserve de faune du Dja, afin de développer et de tester des systèmes de gestion de la chasse et de la filière de viande sauvage. Le but est de pérenniser les stocks de gibier et sécuriser l’accès et l’utilisation de la faune par les populations rurales les plus vulnérables sans porter préjudice à la conservation de la biodiversité. Pour ce faire, le programme travaillera en étroite collaboration avec les services de l’État concernés et les populations bénéficiaires, dans une démarche participative et respectueuse des droits des communautés.
Jule Doret Ndongo, ministre des Forêts et de la faune, a affirmé son intérêt et son engagement vis-à-vis d’une collaboration avec la FAO, le CIFOR-ICRAF et l’Union européenne, dans le cadre d’un partenariat lié aux questions de conservation, et ce, à travers l’approche innovante du SWM Programme. Il a déclaré : « Le gouvernement de la République du Cameroun a à cœur de promouvoir un développement qui valorise de multiples façons son capital naturel – tout en le respectant – au bénéfice, en premier lieu, du bien-être des populations. Nous nous réjouissons a-t-il dit de ce que de ce programme s’inscrive dans cette vision ».
Diversifierles sources d’aliments et de revenus pour un développement durable
Afin de garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle et les moyens d’existence des populations rurales, le programme déploiera en parallèle une stratégie visant à associer, aux efforts pour contenir les prélèvements de chasse et le commerce des produits associés à un niveau durable, un appui au développement de projets d’entreprenariat agricole qui soient à la fois efficaces, durables, accessibles et culturellement acceptables. De plus, le programme réalisera des campagnes de changement de comportements alimentaires dans les villes situées dans le paysage autour du Dja pour réduire la consommation urbaine de viandes sauvages à un niveau plus durable.
Pour sa part, Philippe Mayaux a exprimé son enthousiasme de voir démarrer le SWM Programme au pays. L’approche de développement territorial intégré, respectant et valorisant les savoirs locaux, les pratiques coutumières durables et le capital naturel du Cameroun et veillant également au partage équitable des bénéfices issus de l’utilisation des ressources naturelles, porte parfaitement les ambitions de la nouvelle initiative régionale de conservation de la biodiversité de l’Union européenne – NaturAfrica, dont il fait partie ».
L’approche Une seule santé pour réduire les risques de santé publique
Le SWM Programme en République du Cameroun vise aussi à contribuer à la maitrise des risques sanitaires contemporains associés aux maladies d’origine alimentaires, aux zoonoses et maladies infectieuses émergentes transmises par la faune sauvage le long des filières de viandes sauvages. Pour cela, il promeut la collaboration et la formation des communautés et d’acteurs multi-sectoriels, à travers l’approche Une seule santé, pour mettre en œuvre des mesures préventives de santé publique et réduire l’impact des maladies.
Au final, le SWM Programme dans le pays tirera les leçons de l’ensemble des activités menées sur son site pilote de terrain, afin de proposer des outils, des approches et des recommandations à même de garantir la durabilité de ses acquis et de faciliter la réplication des expériences réussies sur d’autres sites au Cameroun, notamment par l’amélioration des cadres juridiques et institutionnels pertinents.
Athman Mravili, Représentant du Bureau de la FAO au Cameroun a déclaré: «Au regard des enjeux multiples et cruciaux associés au secteur des viandes sauvages, la FAO et ses partenaires sont heureux de pouvoir mettre au service du Cameroun des expertises multidisciplinaires et multi-sectorielles dans le cadre de ce projet ambitieux».
À propos du SWM Programme
Le SWM Programme est une initiative internationale qui vise à améliorer la conservation de la faune sauvage et la sécurité alimentaire. Le SWM Programme est une initiative internationale financée par l’Union européenne et cofinancée par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et l'Agence française de développement (AFD). Les activités sont mises en œuvre par un consortium de partenaires composé de la FAO, le CIFOR-ICRAF, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et la Wildlife Conservation Society (WCS). Pour plus d’informations, visitez: https://swm-programme.info/