Traite et trafic d’êtres humains : le « 1503 » pour dénoncer !
La mise à disposition de ce numéro gratuit pour le Cameroun a été énoncée le 21 juillet dernier à Yaoundé, parmi les actions mises en œuvre par l’OIM
Ils étaient une quinzaine de journalistes à avoir pris part le 21 juillet 2022 à Yaoundé, à un atelier de renforcement des capacités organisé par l’OIM Cameroun. A travers cette initiative tenue en prélude à la célébration le 30 juillet de la journée mondiale de lutte contre la traite d’êtres humains, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) entendait joindre les médias à cette bataille peu ou mal connue de l’opinion publique camerounaise.
Pauvreté, disparités sociales et économiques, conflits…
En effet, des présentations faites séance tenante, il est ressorti que la migration irrégulière est étroitement liée à la traite et au trafic d’êtres humains. Les jeunes qui se lancent dans cette aventure dangereuse finissent souvent par être victimes de traite. Ici sont indexées comme causes principales la pauvreté, les disparités sociales et économiques, la recherche de meilleurs moyens de subsistance à l'étranger, les conflits ou catastrophes naturelles… Par ailleurs, au Cameroun, de nombreux enfants confiés à la responsabilité des tuteurs, sont victimes d’abus et d’exploitations du fait de leur faiblesse, leur vulnérabilité et leur incapacité à se défendre.
Quelques actions de l’OIM Cameroun
Certains programmes mis en œuvre par l’OIM depuis 2009 en appui au gouvernement du Cameroun, visent à lutter efficacement contre la traite et le trafic d’êtres humains et à venir en aide aux victimes. L’OIM a dans ce cadre, tel que l’a mentionné Tatiana Lobe Chargée de projet, mis en œuvre des projets qui ont abouti entre autres à la publication d’un manuel de référencement pour les victimes de la traite d’êtres humains ; la mise en place d’une hotline, le 1503, pour le signalement des cas de traite d’êtres humains ; la facilitation du retour volontaire d’environ 6000 migrants camerounais irréguliers ; l’appui à la réintégration économique, sociale et/ou psychosociale de 4000 d’entre eux ; la réhabilitation et l’équipement d’un site provisoire d’accueil des migrants de retour volontaire ; de nombreux renforcements des capacités des acteurs étatiques impliqués dans la lutte contre la traite et le trafic d’êtres humains.
Nécessité d’un cadre juridique holistique
Malgré ces résultats, beaucoup reste encore à faire. Afin de « Prévenir, protéger, et poursuivre » tel que le souligne le thème retenu par l’OIM dans la campagne de sensibilisation pour cette édition, il est important de maitriser le cadre juridique en la matière au niveau du Cameroun. Angelina Atabong, Magistrate et animatrices de l'atelier, a rappelé que la traite d’êtres humains est régie par la loi du 14 décembre 2011 relative à la traite des personnes, et par l'article 342-1 du Code pénal qui réprime la traite des personnes. Selon Mme Atabong, la loi de 2011 met l'accent sur les poursuites car elle punit les auteurs de traite et de trafic d'êtres humains, mais « n’a quasiment rien sur la prévention, l'aide aux victimes et la coopération ». Bien que reconnaissant les efforts du gouvernement du Cameroun en la matière de lutte contre la traite et le trafic d’êtres humains, l’oratrice a souligné la nécessité de la mise en place d’un cadre juridique camerounais holistique pour inclure la punition des auteurs, la prévention, l'assistance aux victimes, la protection des témoins et la coopération.