Des larmes à la joie* L'histoire d'Adelia - UNFPA
À l'âge de 13 ans, elle est tombée enceinte de suite d’un viol. Vivre cette grossesse a été un cauchemar pour Adelia
Adelia, une fillette de 11 ans, vivait avec sa mère, chef de famille, dans un petit village proche du camp de réfugiés de Gado Badjere, dans la région de l’Est. Adelia devait affronter le défi ardu de gagner sa vie au quotidien, car elle faisait partie d'une fratrie de six enfants qui se disputaient les mêmes ressources. Faute de moyens de subsistance, elle a été contrainte d'abandonner l'école alors qu'elle était encore en classe de CE2. « Je devais travailler dans les champs ou comme domestique pour obtenir de la nourriture en guise de salaire. La plupart des habitants du village étant des réfugiés, ils avaient des ressources limitées », se souvient Adelia, 17 ans plus tard.
À l'âge de 13 ans, elle est tombée enceinte de suite d’un viol. Vivre cette grossesse a été un cauchemar pour Adelia, qui était trop jeune et ne connaissait rien aux soins prénataux. « Malgré la douleur et les blessures, j'ai eu la chance de donner naissance à un petit garçon appelé Bias. Cependant, au fil du temps, j'ai réalisé qu'il était extrêmement difficile d'élever seule un enfant, car j'avais à peine les moyens de me nourrir. Je me suis vite retrouvée piégée dans un cycle de pauvreté », Adelia se rappel.
Dix ans plus tard, à 24 ans, elle est tombée enceinte de son deuxième enfant et a donné naissance à une petite fille. Malheureusement, au cours de l'accouchement, elle a développé une fistule obstétricale. « En raison de difficultés, j'ai demandé l'aide d'une sage-femme traditionnelle. Le bébé était très gros et l'accouchement a été long et atroce. Par la suite, j'ai développé une incontinence. J'ai dû vivre avec ce fardeau pendant plusieurs années ».
Un jour, Adelia a été approchée par un agent de santé communautaire qui l'a identifiée pour une opération gratuite de la fistule obstétricale offerte par l'État et les Nations unies.
« Avant cela, je n'avais jamais su que je pouvais guérir de cette maladie, communément appelée « maladie de la sorcellerie » dans ma langue maternelle en raison des préjugés sociaux qui y sont associés. L'opération a été un succès, et j'ai reçu des soins de santé ainsi qu'une assistance psychosociale pour reconstruire mon estime de soi. J'ai également reçu une subvention pour lancer ma propre activité, la vente de farine de manioc au marché. Peu à peu, j'ai senti que ma vie s'améliorait, même si j'avais deux enfants à charge. »
Adelia a bénéficié de mesures de renforcement des capacités qui lui ont permis d'élever correctement ses enfants et de développer et diversifier son activité. Propriétaire d'une unité de transformation de manioc près de Dimako, dans la région de l'Est, Adelia est devenue l'une des dirigeantes de la coopérative féminine de transformation du manioc soutenue par les Nations unies.
« Aujourd'hui, je suis une femme d'affaires capable de prendre soin d'elle-même, de ses enfants, de sa mère et de ses employés », conclut Adelia, qui s'apprête à fêter son 31e anniversaire.
*Le nom « Adelia » est un pseudonyme et l'image qui l'accompagne représente une personne qui a choisi de rester dans l'anonymat.