Programme Alimentaire Mondial - Renforcement de la cohésion sociale: les voix de nos bénéficiaires comptent, la redevabilité envers les personnes affectées.
Le PAM a organisé le 12 Décembre 2019 à Bertoua, un atelier de capitalisation sur son projet d’assistance alimentaire pour la création d’actifs productifs.
Le PAM Cameroun à travers le sous bureau de Bertoua a organisé le 12 Décembre 2019, un atelier de capitalisation sur son projet d’assistance alimentaire pour la création d’actifs productifs (projets agricole et piscicole). L’objectif principal de cet atelier était d’identifier et de valider les bonnes pratiques et les innovations résultantes de la mise en œuvre des différents projets dans la région de l’Est Cameroun.
L’atelier annuel du PAM autour de la création d’actifs productifs, a connu la participation de tous les acteurs au vaste projet d’agriculture et de pisciculture. Au rang phare, les bénéficiaires , heureux de faire entendre une nouvelle fois leur voix, en exprimant leur appréciation du projet qui ambitionne l’autonomisation des plus vulnérables au sein des populations réfugiées dans l’Est du Cameroun et de la communauté hôte en renforçant la cohésion sociale.
« C’est ma première fois de participer à un atelier de ce genre et je suis contente de savoir que le PAM suit nos activités de près et tient compte de nos avis». Déclare joyeusement Yvette FARADANGA.
Comme 18 000 autres bénéficiaires du projet de relèvement précoce dans la région de l’Est Cameroun, Yvette est une réfugiée centrafricaine, installée au Cameroun depuis 2013. Elle est participante au programme de création d’actifs productifs depuis l’année dernière. Femme dynamique de sa communauté, elle est vice-présidente du comité de gestion de la localité de Guiwa Yangamo dans l’arrondissement de Ngoura. Cette communauté est constituée de 100 participants au programme agricole/piscicole, parmi lesquels 56 femmes et 44 hommes (réfugiés et populations hôtes) incluant les personnes à besoins spécifiques de la communauté (femmes enceintes et allaitantes, personnes âgées, personnes handicapées). Pour favoriser l’inclusion et la cohésion sociale, les activités à mener sont réparties en fonction de la capacité de chacun.
« Les débuts n’étaient pas du tout facile, nous ne comprenions pas l’intérêt du projet ‘’vivres contre création d’actifs productifs’’ et il était difficile de collaborer avec les autochtones.» explique Yvette.
«La plupart des participants au projet ne comprenaient pas pourquoi le travail était réparti différemment alors que nous reçevons la même quantité de denrées, d’autres se demandaient pourquoi ne pas tout simplement faire la distribution générale des vivres comme c’est le cas pour d’autres bénéficiaires ? »
Grâce à l’appui des partenaires et des visites de terrain du PAM, des sensibilisations ont été faites sur le projet ‘’vivres contre actifs productifs’’: les notions de vivre ensemble, d’assistance alimentaire aux plus vulnérables, d’inclusion des personnes à besoins spécifiques, de sécurité alimentaire, de développement des moyens de subsistence durables et d’autonomisation, ont été expliquées.
«Je peux affirmer qu’aujourd’hui, nous avons réussi à faire comprendre la visée du projet au grand nombre». Précise Dieudonne Wouwe, partenaire SAILD et chef projet FFA.
« Les participants sont organisés en équipe de 20 à 25 personnes. Le travail est organisé de sorte que les personnes présentant moins d’énergie physique contribuent autrement : faire la cuisine sur le site, servir de l’eau à boire, garder les enfants. » Explique Imam Djibrilla, bénéficiaire du site de Boulembe.
« Au courant de cette année, nous avons cultivé, récolté et partagé équitablement du maïs, du haricot rouge, du pois cajan, du soja, du manioc dont une partie est encore en terre. Nous sommes très heureux de consommer ce que nous-mêmes avons produit.» Comme Imam Djibrilla 20% de la communauté hôte travaille pacifiquement avec la population réfugiée.
Le projet agricole/piscicole présente de résultats appréciables mais aussi de nombreux challenges :
“Nous parcourons en moyenne 8 km en aller/retour pour l’itinéraire maison – champ communautaire - maison, l’insuffisance de matériel ralentit le travail, cependant des mesures de mitigation ont été prises pour y pallier. ’’ relèvent Yvette et Djibrilla.
‘’A présent, nous sollicitons une fois encore l’appui du PAM afin de mettre sur pied nos groupes d’initiative commune (GIC) et de développer des activités de transformation du manioc en tapioca. ’’ demande faite par les bénéficiaires.
‘’Le fait que le PAM nous invite à un atelier de ce genre, avec d’autres personnes dans la même situation, montre que nos voix sont entendues et ceci nous motive à fournir davantage d’efforts, nous sommes plus que jamais engagés. Nous remercions grandement le PAM et ses partenaires’’ s’exclama Amadou Sardaouna, président de la communauté des réfugiés Centrafricains à Mandjou.
Au village Mandjou, la communauté a mis 280 ha de terres à la disposition du projet pour développer les activités: ‘’Nous en sommes très reconnaissants et comptons encore sur le PAM pour nous donner plus de matériel de travail à l’instar des machettes, houes, tricycles, fûts, bâches etc. » appuya Amadou au nom de la communauté qui acclama les propos par un tonnerre d’applaudissements.
Dans les différentes localités, les effets positifs du projet sont notoires: réduction des plaintes relatives aux critères de vulnérabilité, cohésion sociale entre les réfugiés et la population hôte, réduction des vols de vivres, scolarisation des enfants et particulièrement des jeunes filles, présence régulière de vivres dans les ménages. Sous le guide de l’ONG Help The Children International (HTCI), le comité de gestion présidé par Amadou a déjà enregistré 24 ménages qui souhaitent sortir de la distribution générale de vivres pour intégrer le projet agricole/piscicole (FFA), 1 332 réfugiés et 407 nationaux désireux d’intégrer le FFA sont dans la liste d’attente. 400 personnes participent déjà au projet à Mandjou et grâce à l’assistance du PAM et son partenaire coopérant, environ 4 700 tonnes de vivres ont été produits et 5 000 tonnes restent à récolter : du vivrier, du maraicher, du piscicole, les récoltes ont déjà permis de nourrir environ 180 000 bénéficiaires, d’approvisionner le marché local, ainsi que quelques greniers pour les semis de la prochaine campagne agricole.
Ce programme d’assistance alimentaire qui bénéficie de l’appui financier des bailleurs de fonds USAID et UKAID, a vu en 2019 la mise en œuvre de 5 projets de création d’actifs productifs dans 16 villages des départements du Lom et Djerem et de la Kadei.
Grâce au soutien du gouvernement Camerounais, des efforts supplémentaires seront déployés en 2020 pour continuer de tendre vers l’objectif Zéro Faim dans la région de l’Est Cameroun et les autres du pays où s’active le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies.